La question de la confiance dans le numérique, selon Maryline Laurent

Télécom SudParis

Maryline Laurent est enseignante-chercheuse au département Réseaux et Services des Télécommunications de Télécom SudParis. En tant que membre de la chaire "Valeurs et politiques des informations personnelles" de l'Institut Mines-Télécom, elle était l'invitée d'une rencontre "Tous connectés et après ?", organisée par Rue89 Strasbourg. A cette occasion, Pierre France, journaliste pour Rue89, l'a interrogé sur les enjeux que posent l'acquisition des données personnelles dans le domaine du numérique :

Est-ce qu’il est illusoire d’être anonyme sur Internet ?

On peut très bien être anonyme sur Internet mais tout de même identifié… La question de l’identifiant ne se résume pas à l’identité… Un service n’a pas forcément besoin de connaître votre nom et votre prénom si, grâce à la configuration de votre navigateur, votre adresse IP, vos habitudes ou votre modèle de smartphone, il peut vous tracer sans vous demander votre prénom. Il y a les cookies aussi (des petits éléments d’informations stockés sur l’ordinateur, ndlr), un annonceur comme Criteo va déposer sur chaque ordinateur qui visite un site où ses annonces sont présentes un cookie qui est un identifiant.

Dans ces conditions, on est peut-être anonyme sur Internet mais pour autant, complètement tracé d’un service à l’autre. Entre autres conséquences, on perd notre capacité à utiliser des services de manière neutre. Il faut avoir conscience que lorsqu’on se connecte sur un site, on est relié en fait à une multitude de sites…

(...)

Est-ce que dans la communauté scientifique, les enjeux en termes de droits de l’Homme des données sont-ils pris en compte ?

De plus en plus, les ingénieurs sont sensibilisés à ces questions, ils ont des cours sur ces questions. Dans mes cours, je les engage à prendre du recul et à réfléchir sur ce qu’ils contribuent à bâtir. On sort d’une mentalité un peu gentil-gentil où l’Internet des débuts c’était la liberté, tout était libre, etc. Aujourd’hui, c’est devenu un espace marchand et des acteurs économiques et gouvernementaux ont pris l’ascendant. Par conséquent, il faut être beaucoup plus vigilant.


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