L’énergie d’avenir : découverte du cahier de veille Energie

Télécom SudParis

Dans un monde en constante transformations industrielle, numérique et écologique, la nécessité de comprendre et d'adapter notre gestion de l'énergie n'a jamais été aussi cruciale. Le cahier de veille 2024, édité par la Fondation Mines-Télécom, se présente comme une ressource essentielle pour ceux qui s'intéressent à l’équilibre entre innovation et sobriété. Grâce à la participation d’enseignants-chercheurs reconnus de l'Institut Mines-Télécom (IMT), dont Chantal Taconet de Télécom SudParis, ce cahier offre un regard sur les enjeux énergétiques de demain.

 

Qu’avez-vous pensé de ce cahier de veille sur l’Énergie ?

J'ai trouvé ce cahier de veille passionnant et facile à lire. Il aborde de manière approfondie la complexité du sujet de l'énergie, en le situant dans une perspective historique. Il présente de façon détaillée les diverses activités de recherche développées par les enseignants-chercheurs de l'IMT, couvrant un large éventail de thématiques allant des énergies renouvelables au Smart Grid et au numérique.

Les illustrations accompagnant le texte sont également de très bonne qualité. Informatif, pédagogique et traitant d’un enjeu majeur de société, ce cahier de veille au spectre large est à lire, chacun pouvant y trouver un sujet le concernant plus spécifiquement.

 

Un chapitre a-t-il retenu plus particulièrement votre attention ?

Le tout premier chapitre intitulé « Un monde en état d'ébriété énergétique ». Il est intéressant parce qu’il met en perspective le monde d'aujourd'hui par rapport au monde d'hier. Il donne des clés de compréhension pour appréhender les enjeux contemporains et, surtout, les transformations nécessaires pour le développement durable. Ces changements, qui ne seront pas simples à mettre en œuvre, doivent mobiliser une part significative de notre recherche, de nos projets et de nos efforts. C'est un sujet crucial pour notre avenir et il mérite toute notre « énergie ».

 

Quel sujet aimeriez-vous approfondir en tant que lecteur ?

Un thème attire particulièrement mon attention, bien qu'il s'éloigne quelque peu de mes domaines habituels de recherche et de compétence : celui de l'histoire des énergies renouvelables.
 Les énergies renouvelables représentent-elles la solution ultime ? Est-ce que leur utilisation à la mesure de ce qui est prévu entraîne une consommation supérieure de ressources primaires par rapport à ce dont nous disposons ? Les énergies renouvelables seront-elles alors suffisantes pour nous permettre de réussir la transition énergétique ? Ou devons-nous également adopter une démarche de sobriété en complément ? Pour ma part, si je suis consciente des verrous technologiques à lever et des obstacles en termes de marché et de chaîne de production, tous nécessitant de profondes transformations tant en recherche qu’au niveau de nouveaux modèles économiques, je reste convaincue que la démarche doit aller de pair avec une adaptation de nos modes de consommation de l’énergie : la plus grande efficacité restant l’énergie que nous ne consommons pas.

 

 

Le cahier de veille est émaillé de citations. Laquelle d’entre elles vous a particulièrement marquée ?

La citation que je trouve édifiante est : « Un transfert complet vers les énergies renouvelables pour un taux de croissance de 5% par an fait que la quantité de métaux à produire d’ici 2050 pourrait dépasser la quantité cumulée produite depuis l'Antiquité jusqu’à nos jours ». Cela fait réfléchir.

Le renouvelable est-il la solution ? C'est la question que nous ne nous posons pas, mais qu'il est indispensable d’analyser de façon rationnelle.

 

Quelle a été votre contribution à ce cahier de veille sur l’énergie ?

Tout le cahier traite de l'énergie, celle que l’on produit et celle que l’on consomme. Dans le Chapitre 4, intitulé « L'énergie d'avenir », je me suis intéressée au numérique et à sa consommation du point de vue énergétique. Le numérique représente 10% de la consommation électrique totale en France. C’est impressionnant, d’autant plus que sa part de consommation ne cesse de progresser. S’ajoute à cela le coût énergétique de la production des matériels. En prendre conscience est une première étape indispensable.

La question qui se pose est comment réduire la consommation énergétique du numérique. Travailler sur l’efficacité est-il suffisant ? L’histoire du numérique nous montre que jusqu’alors les gains énergétiques du numérique ne parviennent pas à réduire la consommation énergétique des usages, au contraire, elle entraîne des effets rebonds et donc des consommations plus grandes. S’impose alors la difficile question de la sobriété.

Cependant, une autre interrogation survient puisque le numérique nous rend aussi énormément de services. Il faut donc pouvoir identifier ce qui peut être réellement bénéfique d’un point de vue environnemental. Cela impose de disposer de métrologies objectives et partagées pour évaluer les impacts positifs ou négatifs. Le cahier illustre ce point au travers l’exemple de la gestion intelligente des réseaux électriques (Smart Grids). Ils sont nécessaires pour gérer le mode de production intermittent des énergies renouvelables et ainsi diminuer les émissions de gaz à effet de serre. Ce service peut avoir un impact positif pour la transition énergétique. Cependant, toutes les utilisations du numérique n’ont pas forcément une balance positive. N’oublions pas que les loisirs représentent pas loin de 80% du trafic Internet et qu’ils représentent un coût énergétique.

À l’évidence la « mesure » de l’impact énergétique d’un service numérique reste complexe et constitue un sujet clé pour objectiver les gains espérés par une technologie ou une autre. Cette question m’intéresse tout particulièrement et de façon spécifique en me focalisant sur la mesure énergétique d’un service numérique de bout en bout afin de fournir cette information non seulement aux usagers, mais aussi dans les outils de pilotage et de prise de décision environnementale. Il me semble que dans ce domaine, l’ingénieur de demain a un rôle majeur à jouer !

 

Écoutez Chantal Taconet dans le podcast Sciences Num :

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